Mandrillus Project, Gabon

Le projet Mandrillus (www.projetmandrillus.com) est né en janvier 2012 pour étudier la socio-écologie de la seule population habituée de mandrills sauvages (Mandrillus sphinx) dans le monde qui erre dans une mosaïque de savanes et de forêts équatoriales, dans le sud du Gabon (Parc de la Lékédi). Depuis 2012, des chercheurs, des étudiants et des assistants de terrain recueillent quotidiennement des données inestimables sur la vie et l’écologie des mandrills grâce à un suivi à long terme, centré sur l’individu, du comportement, de la démographie, des mouvements de groupe et des données environnementales. En outre, l’échantillonnage quotidien d’échantillons biologiques non invasifs permet de surveiller la santé et la physiologie des individus et d’établir des données généalogiques à l’aide d’analyses génétiques de la paternité. En 2023, nous reconnaissons individuellement tous les membres du groupe (~350 individus de tous âges et des deux sexes habitués à une présence humaine continue) et nous avons recueilli des informations uniques sur les traits d’histoire de vie de plus de 350 individus, y compris une base de données unique de photos de visages, un pedigree complet de la population et des données détaillées centrées sur l’individu.

L’évolution de la socialité est au cœur de nos recherches et dans le cadre du projet Mandrillus, nous développons des études innovantes en écologie comportementale, avec des avancées majeures sur la sélection de la parentèle (par exemple, nous avons démontré pour la première fois que les primates peuvent reconnaître leur parentèle inconnue en se basant uniquement sur la voix : Levréro et al. 2015 Nat Comm), ou sur les relations entre parasitisme et socialité (par exemple, nous avons montré que les mandrills évitent les compagnons de groupe contagieux en utilisant des indices olfactifs : Poirotte et al. 2017 Sci Adv). L’utilisation de technologies et d’outils analytiques récents est un atout majeur du projet pour répondre à nos questions de recherche. Nous avons, par exemple, récemment utilisé des techniques d’intelligence artificielle basées sur l’entraînement de réseaux neuronaux profonds pour étudier des milliers de portraits de mandrills et montrer l’existence d’une sélection naturelle pour une ressemblance faciale accrue entre les membres de la famille paternelle (Charpentier et al. 2020 Sci Adv). Nous utilisons aussi régulièrement diverses techniques en chimie, en acoustique, en biologie, en écophysiologie et en génétique ».