L’adversité vécue au début de la vie (« ELA » pour Early Life Adversity) peut avoir des effets durables sur le développement, influençant à la fois la survie et la croissance physique des populations animales sauvages. Les soins maternels jouent un rôle crucial dans ces trajectoires, pouvant atténuer l’impact de diverses adversités. Bien que des études récentes suggèrent que l’ELA peut également avoir des effets intergénérationnels – où les expériences précoces d’une mère influencent la condition physique de sa propre progéniture – les mécanismes sous-jacents à ces effets restent mal compris.
Dans cette thèse, en utilisant plus de 10 ans de données démographiques et comportementales sur les mandrills sauvages, j’ai analysé comment l’ELA influence la survie précoce et le développement physique, ainsi que la manière dont elle façonne les relations mère-enfant. Je me suis particulièrement intéressée à l’impact de la perte maternelle durant le développement précoce des femelles sur leur propre comportement maternel à l’âge adulte.
Les résultats ont montré que, premièrement, bien que les effets cumulés de l’ELA ne soient pas apparents sur l’ensemble de la période de la petite enfance (<4 ans), ils deviennent évidents lorsqu’on se concentre spécifiquement sur la première année de vie (Chapitre 2). De manière remarquable, ces résultats ont mis en évidence un lien potentiel entre l’ELA et la survie à l’âge adulte, l’ELA ayant un impact plus marqué sur le développement physique que sur la survie précoce.
Deuxièmement, l’étude des variations des relations mère-enfant a révélé que ces relations évoluent au cours de la première année de vie et que certains traits maternels, notamment le rang social et l’âge, influencent fortement les comportements de soins (Chapitre 3). En outre, les résultats ont montré que les mères ayant perdu leur propre mère durant leur développement adoptent des comportements de soins différents envers leur progéniture (Chapitre 4), suggérant ainsi un mécanisme potentiel d’effets intergénérationnels de l’ELA.
Enfin, cette thèse a mis en évidence à plusieurs reprises des différences significatives entre les sexes, soulignant des trajectoires de vie distinctes qui commencent à se dessiner dès la première année de vie. Ce travail contribue à une meilleure compréhension de la manière dont les conditions adverses au début de la vie influencent le développement individuel. De plus, il met en avant l’importance d’intégrer des données comportementales détaillées sur les dyades mère-enfant afin d’explorer plus en profondeur ces relations complexes et de mieux comprendre comment les comportements sociaux peuvent moduler ces dynamiques.
« lien zoom à venir »