Séminaire SEEM – Alice Baniel « Preuves de la fécondité trompeuse chez un primate sauvage »

Les renflements sexuels chez les primates ont depuis longtemps suscité des débats sur leur fonction – indiquent-ils de manière fiable la fécondité des femelles ou la brouillent-ils de manière trompeuse ? Ici, nous apportons des preuves selon lesquelles les primates femelles peuvent manipuler les renflements sexuels pour indiquer extérieurement leur fécondité tout en échouant intérieurement à concevoir. Les geladas (Theropithecus gelada) présentent un conflit sexuel extrême avec l’infanticide sexuellement sélectionné. Lorsque de nouveaux mâles prennent le contrôle d’un groupe, ils tuent souvent les bébés dépendants – un coût élevé pour les femelles en lactation. En utilisant 14 années de données démographiques et hormonales provenant d’une population de geladas en Éthiopie, nous démontrons qu’après les prises de contrôle : les femelles en lactation reprenaient immédiatement des signes externes de fécondité (par exemple, des renflements sexuels) ; ces renflements étaient beaucoup moins susceptibles de conduire à la conception ; et toutes les femelles en lactation présentaient une augmentation des œstrogènes médiatrice à la fois des renflements fertiles (« vrais ») et non fertiles (« faux »). De manière cruciale, les femelles en lactation qui présentaient des renflements sexuels après la prise de contrôle étaient moins susceptibles de perdre leurs bébés à l’infanticide par rapport à celles qui échouaient. Nous proposons une stratégie selon laquelle les renflements sexuels des femelles en lactation vont probablement de trompeurs (lorsque les bébés sont très dépendants) à probablement honnêtes (lorsque les bébés pourraient être sevrés avec succès). Ces résultats soutiennent fortement l’idée que les renflements sexuels peuvent brouiller de manière trompeuse la fécondité en tant que contre-stratégie au conflit sexuel.