Chez les mammifères monotoques, la plupart des individus vivent la naissance d’un frère ou d’une sœur plus jeune. Cette période peut induire des pertes de soins maternels et peut être un défi physiologique, énergétique et émotionnel pour le frère ou la sœur plus âgé(e), mais elle a rarement été étudiée chez les primates sauvages. Nous avons utilisé des données comportementales recueillies auprès d’une population naturelle de mandrills pour étudier les changements dans les soins maternels et la relation mère-jeune tout au long de la transition vers la fratrie (TTS), en comparant des juvéniles qui ont récemment connu la naissance d’un frère ou d’une sœur plus jeune, à des juvéniles qui n’ont pas connu cette expérience. Nous avons constaté que la TTS était associée à un arrêt brutal du processus de sevrage pour le juvénile et à une diminution de l’affiliation maternelle. Les réactions des juvéniles étaient spécifiques au sexe, les mâles s’associant moins à leur mère, tandis que les femelles avaient tendance à toiletter leur mère plus souvent après la naissance de leur frère ou sœur. Malgré la perte substantielle des soins maternels, les juvéniles n’ont pas montré d’augmentation des conflits ou des comportements liés à l’anxiété. Cette étude contribue à expliquer pourquoi les intervalles courts entre les naissances constituent souvent un risque pour la survie des juvéniles chez les primates monotoques. Nos résultats contrastent avec les études existantes et soulignent l’importance d’examiner le TTS chez des espèces et des populations ayant des histoires de vie et des écologies différentes.