L’endométriose est une pathologie fréquente, largement héréditaire, mais également soumise à l’influence de l’environnement : elle peut être influencée par l’âge des premières règles ou l’exposition à des substances chimiques altérant le système endocrinien. Cette hétérogénéité en fait un défi particulier pour diagnostiquer et traiter efficacement la maladie. De nouvelles perspectives d’approches sont nécessaires pour améliorer notre compréhension de l’étiologie de la maladie et notre capacité à la diagnostiquer.
Des études récentes ont montré que l’endométriose est beaucoup plus fréquente chez les femmes ayant des distances ano-génitales (DAG) relativement courtes. La DAG ou la distance entre la fourchette vulvaire postérieure et l’anus, est déterminée entre 8 à 14 semaines du développement prénatal, par une croissance différentielle du tissu périnéal, stimulée par la testostérone (T). Ainsi la DAG est fortement corrélée aux taux de T auxquels un fœtus est exposé en début de grossesse. Le risque d’endométriose serait donc lié à la T prénatale, mais également à d’autres facteurs encore méconnus.
Il semble qu’un faible taux de T prénatale chez la femme (qui présente alors une faible DAG), programme le développement de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien (HHO) vers un état où la T est plus faible dans les tissus cibles (ex : tissus reproductifs, osseux, musculaires). Ce développement de l’axe HHO entrainerait des valeurs relativement « extrêmes » à l’âge adulte en ce qui concerne les traits exprimés chez les femmes, comme une concentration plasmatique de T plus faible, des niveaux plus élevés d’ocytocine (OT), une musculature plus faible, une inflammation accrue et des seuils de sensation de douleur plus bas – qui ont tous été rapportés chez des femmes atteintes d’endométriose. L’OT semble particulièrement importante en ce qui concerne l’endométriose : cette hormone, de par son action sur la contraction des muscles lisses, aurait un rôle dans la dysménorrhée, la genèse des lésions tissulaires et la sensibilisation à la douleur. Il a été rapporté que les taux d’OT sont plus élevés chez les personnes atteintes d’endométriose. Les taux d’OT et de T auraient d’ailleurs tendance à montrer une relation inverse.
Malgré l’importance manifeste de la T et de l’OT dans l’endométriose, il y a eu peu ou pas de recherche sur si et comment les niveaux de ces hormones influencent le risque et les symptômes de l’endométriose (surtout la douleur), ou sur la façon dont les niveaux de testostérone chez les femmes lorsqu’elles sont au stade fœtal influencent les traits liés à l’endométriose à l’âge adulte.
Cette étude pilote sera la première à tester les liens entre la DAG (proxy de la testostérone pré-natale), les taux de T et d’OT, la douleur et les autres symptômes en lien avec l’endométriose, chez les femmes atteintes d’endométriose.
Projet financé par la fondation pour la recherche sur l’endométriose en collaboration avec Noémie RANISAVLJEVIC (CHU de Montpellier) et Bernard CRESPI (Simon Fraser Université (Canada)).
Recherche enregistrée sur Clinical Trials
Je m’intéresse à la santé des femmes avec les outils de l’écologie et de la biologie de ...More